Une réfugiée soudanaise qui a fui la violence dans son pays est vue avec ses enfants alors qu'elle se rassemble avec d'autres réfugiés près de la frontière entre le Soudan et le Tchad, à Koufroun, Tchad le 29 avril 2023. REUTERS/Mahamat Ramadane

Soudan : des dizaines de milliers de personnes affluent dans les pays voisins, compliquant la situation humanitaire dans la région

Genève (CICR) – Environ 100 000 personnes auraient déjà fui les violences qui sévissent actuellement au Soudan pour chercher refuge dans les pays voisins, notamment en République centrafricaine, au Soudan du Sud, en Égypte, en Éthiopie et au Tchad. Pour certaines d’entre elles, établies au Soudan en tant que réfugiées, c’est un nouveau déplacement à affronter.
Communiqué de presse 04 mai 2023 Soudan République centrafricaine Egypt Éthiopie Tchad

Épuisées par leur voyage, elles doivent parfois attendre plusieurs jours avant de pouvoir franchir la frontière. La plupart n’ont pu emporter qu’un peu d’eau, de nourriture et quelques effets personnels, et peinent à accéder à l’assistance. Cette crise humanitaire déborde sur les pays limitrophes, qui comptent déjà de très nombreux réfugiés et déplacés internes.

Les équipes du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge intensifient leurs activités de protection et d’assistance aux différents points de passage de la frontière soudanaise afin de répondre aux besoins humanitaires croissants des populations déplacées. En parallèle, le Croissant-Rouge soudanais se concentre sur la fourniture de secours vitaux et de services d’appels téléphoniques aux personnes restées au Soudan.

« La situation humanitaire est très compliquée dans la région. Pour les communautés des pays voisins, il peut être difficile d’accueillir de nouveaux arrivants alors qu’elles-mêmes sont déjà extrêmement vulnérables. C’est pourquoi il est crucial que nous puissions apporter une assistance humanitaire aux personnes qui fuient actuellement le Soudan », explique Patrick Youssef, directeur régional du CICR pour l’Afrique.

La République centrafricaine, elle-même régulièrement en proie à des conflits, des violences et des pénuries de nourriture, est l’un des pays les plus durement affectés par la crise soudanaise. Sur place, les équipes du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et les volontaires de la Société de la Croix-Rouge centrafricaine concentrent leurs efforts sur l’accès à l’eau potable, installant des réservoirs souples et des latrines et distribuant des jerrycans et des tablettes de chlore pour désinfecter l’eau. À Am Dafock, les deux organisations distribuent des médicaments aux nouveaux arrivants ainsi qu’aux communautés locales. Elles mettent en outre des téléphones à la disposition des personnes qui arrivent du Soudan afin qu’elles puissent contacter leurs familles et s’emploient à venir en aide aux enfants non accompagnés.

 Le Soudan du Sud, déjà durement éprouvé par des années de conflit et de violence, voit aussi arriver du Soudan voisin un grand nombre de personnes – dont des Sud-Soudanais qui s’étaient réfugiés au Soudan et qui sont aujourd’hui forcés de retourner dans leur pays. Beaucoup risquent de se retrouver piégées à la frontière faute de moyens de transport. Le CICR et la Croix-Rouge du Soudan du Sud ont déployé sur place une équipe d’intervention rapide chargée d’évaluer les besoins et de porter assistance aux déplacés soudanais ainsi qu’aux Sud-Soudanais contraints au retour.

En Égypte, la Société du Croissant-Rouge égyptien, seule organisation de secours présente à la frontière avec le Soudan, a mis en place un centre de services d’assistance au point de passage d’Arqin. Les personnes qui se présentent au poste-frontière se voient offrir un soutien psychologique, des médicaments et de la nourriture. Le CICR soutient les efforts de la Société nationale égyptienne en mettant à la disposition des arrivants des services téléphoniques et de communication en ligne afin qu’ils puissent donner des nouvelles à leurs proches.

Au poste-frontière de Métemma (Éthiopie), une équipe de la Croix-Rouge éthiopienne fournit de l’eau potable, des vivres et des abris aux personnes arrivant du Soudan. Le CICR et la Société nationale éthiopienne proposent également un service d’appels téléphoniques à toutes les personnes déplacées pour leur permettre de rester en contact avec leurs familles.

Les civils fuyant les violences et le conflit doivent être protégés et traités avec respect, dignité et humanité tout au long de leur parcours. Les personnes qui cherchent à fuir et à accéder aux services d’assistance doivent pouvoir le faire en toute sécurité. Toutes les mesures possibles doivent être prises pour faire en sorte que tous les civils déplacés au Soudan et par-delà les frontières du pays puissent bénéficier de la protection dont ils ont besoin ainsi que de conditions satisfaisantes d’hébergement, de salubrité, d'hygiène, de sécurité et d’alimentation. Il faut également veiller à ce que les membres d’une même famille ne soient pas séparés les uns des autres.

Les personnes qui cherchent à échapper à la violence et au conflit doivent se voir accorder une protection internationale. Les enfants fuyant les hostilités sont extrêmement vulnérables et ont droit à un respect et une protection particuliers en vertu de leur statut d’enfants. Dans toute activité les concernant, la considération première devrait toujours être l’intérêt supérieur de l’enfant.

Les États doivent respecter le principe de non-refoulement en toutes circonstances. Ce principe, qui est ancré dans le droit international humanitaire coutumier, interdit le transfert d’une personne d’un État vers un autre s’il y a des motifs sérieux de croire que la personne en question risque d’y être victime d’une violation de certains de ses droits fondamentaux. Cela implique par conséquent que les personnes fuyant le conflit au Soudan et cherchant refuge dans les pays voisins ne doivent pas être renvoyées au Soudan ou – s’il s’agit de ressortissants non soudanais – vers leur pays d’origine sans qu’il ait été préalablement procédé à une évaluation individuelle des risques que présenterait un tel retour. Cette évaluation doit tenir compte, entre autres, de considérations liées aux vulnérabilités propres à certains groupes de personnes, comme les femmes et les filles, les enfants séparés de leurs parents ou non accompagnés, et les opposants politiques.

 

Informations complémentaires :

Alyona Synenko, CICR Nairobi,
+254 716 897 265,
asynenko@icrc.org