Yémen : avant de parler de la paix, parlons de la guerre

14 novembre 2018
Yémen : avant de parler de la paix, parlons de la guerre
V-P-YE-E-01804 Sana'a. Ali, 13 ans, se tient au milieu de bâtiments détruits dans son quartier

Déclaration de Fabrizio Carboni, directeur régional pour le Proche et le Moyen-Orient au CICR, sur la situation au Yémen.

Genève (CICR) – Au Yémen, une solution politique s’impose de toute urgence. D’ici là, aussi longtemps que les parties au conflit ignoreront le droit international humanitaire – les règles qui protègent les civils en temps de guerre –, la population continuera d’endurer des souffrances inouïes, et la grave crise alimentaire qui sévit déjà risque de se transformer en véritable famine.

Briser la spirale de la violence au Yémen suppose toute une série de mesures urgentes : reprise d’un processus politique, désescalade progressive du conflit, libre circulation des importations vitales pour la population et accès sans entraves à l’aide humanitaire. Mais cela implique aussi le respect strict des règles de la guerre.

Face aux effets terriblement destructeurs de cette guerre sur la population, le CICR salue tout effort susceptible d’instaurer la paix dans le pays, et se tient prêt à apporter son soutien pour y contribuer. Mais avant de parler de la paix, nous devons parler de la guerre, en particulier de la manière dont elle est conduite.

À Hodeïda, épicentre des derniers combats, les hostilités ont mis en péril l’hôpital Al-Thawra, le plus grand de la ville et l’un des derniers établissements de santé encore accessibles aux habitants. Comme toutes les infrastructures médicales, Al-Thawra doit être protégé des attaques. 

Nos équipes se sont récemment rendues auprès de familles installées dans une école de Hodeïda qui n’ont, pour s’alimenter, qu’une bouillie de farine ou un peu de riz. Mal nourris, les enfants sont d’une maigreur inquiétante.

Alors que les parties en présence travaillent à un règlement durable du conflit, la population yéménite, elle, ne peut plus attendre. Il faut agir sans plus tarder, et voici les mesures que nous souhaitons voir appliquées :

  • Les parties doivent épargner les civils.
  • Les parties doivent épargner les infrastructures civiles comme les hôpitaux ou les écoles.
  • Les parties doivent maintenir une distance raisonnable par rapport aux infrastructures civiles de sorte à éviter d’en faire des objectifs militaires.
  • Les parties doivent autoriser les civils à fuir les zones de combat ; elles doivent aussi permettre la libre circulation des biens tels que les vivres et les médicaments.
  • Les parties doivent continuer à faciliter l’action humanitaire à l’intérieur du pays.

Pour les Yéménites, existence rime aujourd’hui avec mort, destruction et faim. Si l’on veut que leur calvaire prenne fin un jour, un changement s’impose dès à présent. C’est pourquoi nous appelons les parties à respecter le droit de la guerre.

 

Informations complémentaires :

Mirella HODEIB, CICR Sanaa, tél. : +967 7391 64666

Sara ALZAWQARI, CICR Beyrouth, tél. : +961 3 138 353

ou sur notre site : www.cicr.org