Conflit armé international Russie-Ukraine : halte aux fausses informations sur l’action menée par le CICR. Francisco Pavon Molina/CICR

Conflit armé international Russie-Ukraine : halte aux fausses informations sur l’action menée par le CICR

Nous traquons et rectifions ici les informations erronées ou mensongères qui circulent en ligne sur le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et l’action qu’il mène dans le cadre du conflit armé international entre l'Ukraine et la Russie. Dernière mise à jour 4 mars 2024
Article 24 mars 2024 Ukraine Russie République de Moldova

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En quoi consistent les activités menées par le CICR en Ukraine ?

Nous sommes actifs en Ukraine depuis 2014 et avons considérablement intensifié notre présence et nos activités depuis le 24 février 2022 afin de mieux venir en aide aux personnes touchées par le conflit armé international, qui ont désespérément besoin d'une assistance humanitaire (notamment de nourriture, d'eau potable, de médicaments et d'abris).

● Près de 800 collaborateurs du CICR œuvrent actuellement en Ukraine, notamment des professionnels de la santé, des membres de l'Unité contamination par les armes et d'autres spécialistes des interventions d'urgence. Ukrainiens pour la plupart, ils sont nombreux à être personnellement affectés par les effets du conflit.

● Nos équipes sont réparties dans huit régions à travers le pays, notamment à Kiev, Odessa, Lviv, Poltava, Vinnytsia, Dnipro, Donetsk et Lougansk. Elles se déploient sur le terrain pour venir en aide aux communautés touchées par le conflit dans des dizaines de villes, y compris à proximité des lignes de front.

● Nous avons créé au sein de l'Agence centrale de recherches un bureau spécialement dédié au conflit armé international entre la Russie et l'Ukraine, qui est chargé de recueillir, centraliser et transmettre des renseignements sur le sort des militaires et des civils tombés aux mains du camp adverse et le lieu où ils se trouvent.

● Nous avons également déployé du personnel en Hongrie, au Moldova, en Pologne, en Roumanie et en Russie pour soutenir notre action dans la région et assurer la coordination avec nos partenaires du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

● Parallèlement à l'intensification de nos opérations sur le terrain, nous poursuivons notre dialogue bilatéral et confidentiel avec les parties au conflit sur la conduite des hostilités et la protection de la population civile, et leur rappelons les obligations qui leur incombent au titre du droit international humanitaire. Dans le cadre de ces échanges, nous soulevons des préoccupations humanitaires pressantes, telles que l'accès aux prisonniers de guerre, le passage en toute sécurité des civils et l'acheminement de l'aide humanitaire. Notre objectif est d'atténuer les souffrances des personnes qui subissent de plein fouet les effets du conflit .

Récapitulatif des principales activités menées par le CICR en Ukraine en 2023 :

● 320 000+ personnes vulnérables vivant dans des zones touchées par le conflit ont reçu des colis de nourriture afin de garantir une sécurité alimentaire minimale.

● 153 000+ matériaux de marquage ont été donnés aux premiers intervenants d'urgence et aux forces armées ukrainiennes afin que les zones contaminées par des munitions non explosées soient correctement identifiées et que les communautés soient informées des dangers.

● 10 300+ familles touchées par des hostilités actives ont retrouvé l'accès à un logement adéquat grâce à la fourniture de matériaux de construction ou d'une aide en espèces.

● 240 000+ colis alimentaires ont été fournis aux hôpitaux, aux établissements universitaires et à d'autres institutions sociales afin de garantir que les patients, les étudiants et les autres membres de la communauté reçoivent des repas.

● 10 500+ détenus et prisonniers de guerre ont bénéficié de meilleures conditions de détention.

● 350 000+ personnes vulnérables ont reçu un total de 2,7 milliards UAH (69 millions CHF) d'aide en espèces pour les aider à répondre à leurs besoins quotidiens et à reconstruire leur vie.

● 3 947 familles de personnes disparues ont reçu une réponse sur le statut de leurs proches.

Pour en savoir plus sur notre action en Ukraine en 2023, cliquez ici.

Pourquoi le CICR ne fait-il pas davantage pour les prisonniers de guerre ?

Le CICR a rendu visite à quelque 2 400 prisonniers de guerre des deux côtés du conflit armé international entre la Russie et l'Ukraine. Lorsque nous visitons un lieu d'internement, nous évaluons les conditions d'internement et le traitement des prisonniers de guerre. Nous donnons également à ces derniers des nouvelles très attendues de leurs familles et, dans la mesure du possible, nous leur fournissons des couvertures, des vêtements chauds, des articles d'hygiène personnelle et des livres.

À ce jour, le CICR n'a pas accès à tous les prisonniers de guerre. Nous savons que de nombreux autres prisonniers de guerre et internés civils attendent toujours de recevoir des visites similaires et nous poursuivons nos efforts pour avoir accès à tous, guidés par notre engagement humanitaire et notre mandat en vertu des Conventions de Genève. Selon les troisième et quatrième Conventions de Genève, le CICR doit être autorisé à voir tous les prisonniers de guerre et les internés civils, avoir accès à tous les lieux où ils sont détenus et être autorisé à répéter ses visites aussi souvent que nécessaire. Tous les États sont légalement tenus de le faire puisqu'ils ont tous signé les conventions en question. Nous ne pouvons pas imposer les règles en vigueur dans ce conflit ou dans tout autre conflit armé.

Nous comprenons les frustrations des familles concernées qui attendent dans l'angoisse de recevoir des nouvelles. Les familles ont le droit de connaître le sort de leurs proches, qu'ils soient vivants, blessés ou morts. Beaucoup d'entre elles ont attendu anxieusement pendant de longs mois, et elles ont besoin de réponses aujourd'hui. Elles sont impatientes, tout comme nous.

Le CICR recueille des informations sur ces personnes et les transmet à leur pays d'origine, afin que les familles sachent ce qu'il est advenu de leurs proches. Depuis février 2022, nous avons donné à près de 8 000 familles des nouvelles de leurs proches. Ce travail donne de l'espoir aux familles et constitue un impératif humanitaire absolu.

Nous avons ressenti avec acuité la pression du temps ; nous n'avons pas malheureusement été en mesure de rendre visite à tous les prisonniers de guerre. Leur humanité et leur dignité ne peuvent être mises de côté. Ils ont besoin de réconfort, de soins, d'assistance et de protection, tout comme les civils. C'est pourquoi nous travaillons sans relâche avec les parties au conflit pour obtenir un accès illimité à tous les lieux où sont détenus les prisonniers de guerre.

Le personnel du CICR a-t-il été impliqué dans le mauvais traitement de prisonniers de guerre ukrainiens ou l'enregistrement vidéo de celui-ci ?

Tout mauvais traitement des prisonniers de guerre en captivité est non seulement interdit par la Troisième Convention de Genève, mais aussi profondément inacceptable. Les délégués du CICR ne toléreraient jamais de telles pratiques et n'y participeraient jamais.

Nos visites dans les lieux de détention suivent des protocoles stricts. Les délégués du CICR sélectionnés pour rendre visite aux prisonniers de guerre ne peuvent être citoyens d'aucun des pays parties au conflit armé international. Aucun des membres du CICR qui ont rendu visite aux prisonniers de guerre ukrainiens n'est un ressortissant russe.

Aucun délégué du CICR n'emporte de matériel d'enregistrement lorsqu'il visite des prisonniers de guerre.

L'accès à tous les prisonniers de guerre et à tous les internés civils reste une priorité essentielle pour le CICR, et nous continuerons à ne ménager aucun effort pour plaider en faveur d'un meilleur accès de part et d'autre.

D'autres membres de la Croix-Rouge ont-ils été impliqués dans des sévices infligés à des prisonniers de guerre ukrainiens ?

Nous n'avons reçu aucune indication crédible selon laquelle les actes répréhensibles signalés dans l'allégation publiée en septembre 2023 auraient été commis par un membre du Mouvement, y compris le CICR ou la Croix-Rouge russe. Il est important de rappeler que tout abus de prisonniers de guerre en captivité est non seulement interdit par la Troisième Convention de Genève, mais aussi profondément inacceptable. Le CICR ne tolérera jamais de telles pratiques. Le mandat de visite aux prisonniers de guerre est très spécifique au CICR.

Pourquoi le CICR ne s'exprime-t-il pas davantage publiquement ?

Le mode d'action privilégié du CICR est le dialogue confidentiel. Cette approche fondée sur la confidentialité nous permet d'échanger librement avec les protagonistes (personnes, groupes, parties) d'un conflit armé ou d'autres situations de violence, de gagner leur confiance, d'obtenir l'accès aux populations touchées et d'assurer la sécurité de nos équipes ainsi que des personnes que nous nous employons à aider.

Sans les relations que la confidentialité nous permet d'établir, nous ne pourrions pas trouver de solution ni mener à bien notre action. En privilégiant le dialogue confidentiel, nous évitons aussi le risque de politisation des questions humanitaires lié au débat public et protégeons la sécurité de notre personnel sur le terrain et des communautés auxquelles nous portons secours.

Grâce à cette approche, nous avons facilité la libération de prisonniers de guerre au Yémen et de jeunes filles victimes d'enlèvement au Nigéria, ainsi que l'évacuation de civils pris au piège à Alep (en Syrie) et à Marioupol (en Ukraine), pour ne citer que quelques exemples récents. Cette approche sauve des vies. Et c'est là notre priorité.

Il arrive au CICR de s'exprimer publiquement, mais il s'abstient de condamner unilatéralement et nommément telle ou telle partie à un conflit – du moins de manière trop explicite. Cela nous vaut parfois des critiques, mais l'essentiel pour nous est de ne pas nuire, par des déclarations publiques, à la réalisation de notre objectif final, qui est d'apporter protection et assistance à celles et ceux qui en ont besoin.

Le CICR ne recourt à la dénonciation publique qu'à titre exceptionnel et uniquement lorsqu'il a épuisé tous les autres moyens raisonnables de convaincre les parties de respecter le droit international humanitaire sans avoir obtenu les résultats souhaités. Nous ne prenons jamais une telle décision à la légère car il existe un risque que notre capacité à mener à bien notre mission de protection et d'assistance s'en trouve diminuée. N'oubliez pas que dans bien des contextes où nous menons des opérations, l'attention extérieure – plus encore lorsqu'elle donne lieu à des critiques – suscite beaucoup d'hostilité.

Pourquoi le CICR s'abstient-il de prendre parti ?

Notre mission est de protéger la vie et la dignité des victimes de conflits armés ou d'autres situations de violence et de leur porter assistance. Pour ce faire, nous devons être en mesure de mener des activités dans les zones de combat et de part et d'autre des lignes de front, dans des contextes extrêmement dangereux et violents. Et cela n'est possible qu'à la condition que toutes les parties aient bien compris l'utilité de notre présence.

La neutralité que nous observons est moins une valeur qu'un impératif opérationnel. Autrement dit, il ne s'agit pas pour nous d'une posture morale. Rester neutre nous permet d'établir un dialogue et de trouver des solutions à des situations complexes qui ont un impact direct sur la vie des personnes touchées.

Par exemple, nous travaillons en collaboration avec les parties belligérantes pour faciliter le passage en toute sécurité des civils – qui requiert la coopération des deux camps –, ou encore la restitution des dépouilles de combattants au camp auquel elles appartiennent. C'est aussi grâce à notre neutralité que nous sommes en mesure d'obtenir et de communiquer aux familles, souvent mortes d'inquiétude, des nouvelles d'un proche dont elles avaient perdu la trace. Si nous ne parlions qu'à un seul camp, nous ne pourrions pas aborder des questions essentielles telles que le traitement des prisonniers de guerre ou la conduite des hostilités.

Si l'on veut obtenir des avancées significatives, se tenir aux côtés des personnes touchées ne suffit pas. Il faut impérativement entretenir un dialogue continu avec les parties au conflit et s'efforcer de les convaincre de respecter le droit international humanitaire.

Le CICR est parfois critiqué en raison de sa prudence en matière de déclarations publiques. On le qualifie de discret ou de réservé, et il l'est indubitablement par comparaison avec d'autres organisations. Il faut toutefois se méfier des comparaisons car elles peuvent conduire à des conclusions erronées étant donné les différences qui existent entre les mandats, missions et activités respectives des organisations en question.

Le CICR est-il une organisation corrompue et partiale ?

Nous sommes conscients que, dans un conflit ou toute autre situation de violence, les gens attendent une prise de position claire en faveur du camp auquel ils appartiennent – et tendent à interpréter l'absence d'un soutien explicite comme l'expression d'une solidarité avec le camp d'en face. La neutralité que nous observons signifie que notre priorité est de venir en aide aux personnes touchées par le conflit, quelles qu'elles soient et où qu'elles se trouvent. Et si nous voulons les atteindre, nous devons être en mesure de parler librement avec toutes les parties.

Les États parties à un conflit ayant l'obligation, au titre du droit international humanitaire (DIH), de faciliter l'action du CICR, nous discutons régulièrement avec la Russie et l'Ukraine dans le cadre du conflit armé international qui les oppose.

Nous échangeons avec une large palette d'interlocuteurs, des responsables politiques aux commandants déployés sur les lignes de front, dans l'objectif de promouvoir le respect du DIH. Dans le cadre de ce dialogue, nous demandons aux États de s'acquitter de leurs obligations et d'atténuer les souffrances infligées à la population. Cette entreprise exige de maintenir des contacts réguliers avec les parties dans le respect des principes de neutralité et d'impartialité.

Ce n'est que par le dialogue que nous pouvons bâtir une relation de confiance qui nous permettra de venir en aide aux personnes parmi les plus vulnérables – en particulier les combattants faits prisonniers et les civils vivant dans les zones de combat.

Il est en outre essentiel, pour le CICR, de rendre compte de son action, d'abord aux communautés auxquelles il vient en aide, mais également à ses partenaires et donateurs. Chaque année, au mois de juin, nous publions un rapport annuel dans lequel figurent toutes les informations relatives au financement de nos activités.

Le CICR a-t-il participé à des déportations ?

Le CICR n'aide jamais à organiser ou à exécuter des opérations d'évacuation forcée. Cette règle s'applique partout où nous travaillons. Il est exclu que nous apportions notre soutien à une opération qui irait à l'encontre de la volonté des personnes concernées ou de nos principes.

Nous avons connaissance des allégations qui ont été publiées dans les médias au sujet de vastes déplacements forcés de population, et nous continuons de suivre cette affaire de très près.

Les informations accessibles au public ne constituent pas notre seule source de renseignements ; avant d'agir, nous nous assurons par nous-mêmes de la véracité des faits. Lorsque nous disposons d'éléments suffisamment solides pour étayer des allégations de violations du DIH, nous en informons les parties dans le cadre d'un dialogue bilatéral et confidentiel. Notre objectif est de faire en sorte, à travers le dialogue, que le DIH soit mieux respecté. Un autre volet essentiel de nos activités consiste à rétablir le contact entre les membres des familles qui ont été dispersées par suite du conflit armé international.

Que fait le CICR pour venir en aide aux enfants qui ont été séparés de leurs familles ?

Nous savons que les personnes touchées par le conflit armé sont très inquiètes pour la sécurité et le bien-être de leurs êtres chers. De nombreuses familles à travers le monde sont dispersées à cause des conflits armés. La séparation engendre de grandes souffrances et peut avoir des conséquences dévastatrices sur le bien-être des personnes touchées et leur capacité à reprendre une vie normale.

Dans le cadre du conflit en Ukraine, comme dans toute autre situation de conflit armé, le CICR discute de la question des enfants non accompagnés ou ayant été séparés de leurs proches avec les autorités des deux camps, pour faire en sorte que enfants et familles soient dûment enregistrés et que leurs dossiers fassent l'objet d'un suivi approprié. Les personnes ayant perdu la trace d'un enfant ont la possibilité de déposer une demande officielle de recherche auprès du CICR.

Une fois que le contact a été rétabli entre l'enfant et un membre de sa famille et à la condition qu'ils soient tous les deux d'accord, le CICR, avec le concours des Sociétés nationales partenaires, s'emploie à les réunir pour autant que les conditions le permettent.

Plus d'informations

Comment le CICR a-t-il utilisé l'ensemble des dons qui lui ont été adressés ?

La crise humanitaire engendrée par le conflit armé international entre la Russie et l'Ukraine a suscité un déferlement de dons exceptionnel. En 2022, nous avons ainsi pu intensifier notre action en faveur des personnes touchées par le conflit armé, mobilisant près de 416 millions de francs suisses pour répondre à leurs besoins, en Ukraine ainsi que dans les pays voisins.

L'essentiel de nos dépenses – près de 92% – est consacré à nos opérations en Ukraine. Les fonds restants servent à financer notre action dans les pays voisins ainsi que le bureau de l'Agence centrale de recherches dédié au conflit armé international en Ukraine, qui aide les familles à rétablir le contact avec des proches dont elles étaient sans nouvelles, et s'emploie à retrouver les militaires et les civils tombés aux mains du camp adverse – qu'ils soient morts ou encore en vie –, y compris les ressortissants de pays tiers.

Grâce à l'afflux de dons que nous avons reçus, nous avons intensifié notre action pour mieux répondre aux immenses besoins dans les régions touchées de plein fouet par les combats. Actuellement, quelque 800 collaborateurs du CICR travaillent dans huit zones particulièrement mises à mal par le conflit, fournissant des secours vitaux et des services essentiels à plusieurs millions de personnes.

Depuis février 2022, nous réévaluons et adaptons en permanence nos plans et budgets opérationnels concernant l'Ukraine et les pays voisins. Nous faisons ainsi en sorte que nos prévisions demeurent réalistes au regard des activités et des dépenses qui seront engagées sur le terrain pour répondre aux besoins humanitaires engendrés par le conflit.

Le CICR est extrêmement reconnaissant pour le formidable élan de générosité et de solidarité qu'a suscité la situation des victimes du conflit armé en Ukraine. Grâce aux contributions de nos partenaires de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, des donateurs individuels, du secteur privé et des gouvernements, des millions de personnes affectées par le conflit ont pu recevoir une assistance vitale.

Pourquoi l'emblème de la croix rouge ne peut-il pas être utilisé par des personnes en danger alors qu'il pourrait leur sauver la vie ?

Nous tenons à rappeler une règle fondamentale : qu'ils se trouvent à bord d'un bus, chez eux ou ailleurs, les civils sont protégés par les Conventions de Genève. Les parties au conflit doivent les épargner dans toute la mesure possible, qu'ils arborent ou non l'emblème de la croix rouge.

Cela étant dit, l'emblème de la croix rouge comme celui du croissant rouge sont des symboles particuliers dont l'usage est strictement réglementé par le droit international humanitaire. Dans les conflits armés, ils peuvent être utilisés par le personnel médical et les structures de santé, notamment les médecins militaires et les véhicules sanitaires des forces armées. Ils peuvent aussi être utilisés par les travailleurs humanitaires de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, apposés sur leurs véhicules, leurs bâtiments et les secours humanitaires qu'ils distribuent.

Lorsqu'ils sont utilisés par des professionnels de la santé, la croix rouge et le croissant rouge symbolisent la protection que le droit international humanitaire confère aux blessés et aux malades, ainsi qu'à ceux qui les prennent en charge dans un conflit armé. Ces signes peuvent aussi indiquer un lien avec des organisations de la Croix-Rouge ou du Croissant-Rouge. Ils permettent de savoir que ceux qui les arborent sont des humanitaires qui viennent en aide aux populations lors de catastrophes naturelles, en temps de guerre ou dans d'autres situations d'urgence, en se basant seulement sur les besoins.

Par conséquent, l'utilisation abusive des emblèmes peut avoir de nombreuses conséquences graves, en premier lieu pour les plus vulnérables, car elle peut empêcher les services médicaux militaires, ainsi que le personnel et les volontaires de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, d'accéder sans risque aux individus et aux communautés en détresse lors d'une crise humanitaire.

L'usage abusif des emblèmes – qui consiste par exemple, pour des personnes ou des organisations (humanitaires ou non) n'ayant aucun lien avec le Mouvement Croix-Rouge/Croissant-Rouge, à apposer l'un ou l'autre emblème sur leurs véhicules – peut compromettre la fonction protectrice de ces symboles car il entame la confiance que les parties belligérantes et les porteurs d'armes accordent à ce qu'ils représentent. C'est pourquoi nous demandons que les lois qui protègent l'emblème soient respectées par les parties.

Exemples d'allégations mensongères dont le CICR a été la cible :

● Le CICR travaille à l'élaboration d'armes biologiques.
● Le CICR distribue des médicaments périmés.
● Le CICR est impliqué dans un trafic d'organes (d'enfants).
● L'OTAN se sert de véhicules du CICR pour transporter des armes.

Dès le début du conflit armé et au fur et à mesure de son intensification, plusieurs allégations mensongères mettant en cause le CICR et son action ont circulé dans les médias et sur les réseaux sociaux.

Le CICR n'a jamais pris part à aucune des activités illicites susmentionnées et condamne avec la plus grande fermeté la propagation de pareilles rumeurs. De tels agissements seraient contraires à toutes les normes de droit ainsi qu'à nos principes. Notre priorité absolue est de fournir une aide d'urgence aux personnes touchées par le conflit et d'œuvrer au respect du droit international humanitaire.

Nous sommes heureux de répondre aux questions portant sur notre action et nous efforçons de communiquer de manière aussi transparente que possible sur nos opérations sans compromettre l'indispensable dialogue bilatéral et confidentiel que nous entretenons avec toutes les parties aux conflits à travers le monde.

Pourquoi n'enquêtez-vous pas sur les crimes de guerre ?

En signant les Conventions de Genève, les États se sont engagés à respecter le droit international humanitaire. Cela implique d'enquêter sur les crimes de guerre qui auraient été commis par leurs forces armées ou sur leur territoire. Ils se sont également engagés à poursuivre les suspects si nécessaire.

Conformément à une pratique établie de longue date, le CICR ne prend pas part aux procédures judiciaires.

Nous ne divulguons pas non plus ce que nos employés voient dans le cadre de leur travail. Cela vaut non seulement pour l'Ukraine, mais aussi pour tous les endroits où nous opérons.

Les problèmes d'un côté sont discutés avec ce côté, et non avec l'autre. Cette communication est confidentielle, ce qui nous permet d'être directs et francs.

Nos informations ne sont et ne seront partagées avec personne d'autre, y compris la Cour pénale internationale (CPI). Les règles de procédure de la CPI reconnaissent le privilège de confidentialité du CICR et dispensent son personnel de témoigner dans le cadre de ses procédures.

Cela ne signifie pas pour autant que nous sommes complices. Nous parlons des problèmes existants directement et uniquement avec les parties au conflit. Nous ne le faisons ni avec d'autres personnes ni dans l'espace public.