Une génération sacrifiée – dessins d’enfants d’Al-Hol, Syrie

Une génération sacrifiée – dessins d’enfants d’Al-Hol, Syrie

Nous avons tous des espoirs et des rêves. Mais quel espoir peut subsister pour les milliers d’enfants qui sont pris au piège dans le camp d’Al-Hol ?
Article 22 mars 2023 Syrie Royaume-Uni

Environ 55 000 personnes sont bloquées dans l'immense camp d'Al-Hol, installé dans le nord-est de la Syrie. Les enfants représentent près des deux tiers de la population du camp. La plupart d'entre eux ont moins de 5 ans.

« Ici, les enfants sont privés d'avenir », déclare Nathalie Nyamukeba, psychologue clinicienne au Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

Quand vous leur demandez quels sont leurs rêves, ils répondent qu'ils ne savent pas de quoi ils pourraient rêver.

Ces enfants vivent dans un camp où l'espoir n'existe pas, ils ne reçoivent aucune éducation, personne ne sait de quoi le lendemain sera fait. Chaque jour, ils subissent la peur et la violence.

Il y a des enfants qui ont passé leur vie entière dans le camp d'Al-Hol, n'en ont jamais quitté le périmètre.

Certains enfants naissent puis meurent dans le camp. De toute leur brève existence, ils n'auront connu que ce lieu où règne la plus profonde détresse.

Les conditions de vie sont terribles. L'hiver, des pluies torrentielles inondent les tentes et la température peut descendre jusqu'à 0°C.

L'été, en revanche, il peut faire plus de 45°C. Des tempêtes de poussière se forment lorsque le vent s'abat sur le sol desséché.

Quels jeux pour les enfants du camp ?

Dans le camp d'Al-Hol, le CICR administre avec le Croissant-Rouge arabe syrien un hôpital où plus de 11 000 malades et blessés ont été soignés en 2021 et plus de 8000 en 2022.

L'année dernière, 925 personnes y ont reçu des soins de santé mentale et un soutien psychosocial.

Les patients présentent souvent des troubles psychosomatiques comme des insomnies, des palpitations, des douleurs de dos, des maux de tête, un manque d'appétit, des problèmes dermatologiques ou une énurésie (pipi au lit).

Des résidents du camp se plaignent aussi de souffrir de peurs inexpliquées, d'avoir des comportements agressifs, d'avoir du mal à se concentrer, de se sentir constamment inquiets, d'avoir peu confiance en eux-mêmes, de souffrir d'isolement social ou encore d'avoir des pensées suicidaires – même des enfants sont concernés.

« J'ai rencontré deux enfants d'à peine 11 ans qui avaient des pensées suicidaires », raconte la psychologue.

« Ils disaient qu'ils ne voulaient plus vivre. On ne s'attendrait jamais à entendre un enfant prononcer des mots comme "J'espère que Dieu me reprendra et que je pourrai juste quitter cette vie". »

Avec le Croissant-Rouge arabe syrien, le CICR offre des soins de santé mentale et un soutien psychosocial aux personnes qui en ont besoin.

La plupart des enfants qui reçoivent ce type d'aide viennent de Syrie ou d'Irak. D'autres sont les enfants de ressortissants étrangers qui se sont retrouvés bloqués à Al-Hol. Ces familles sont installées dans la partie internationale du camp, dans lequel plus de 60 nationalités sont représentées.

Les activités ludiques telles que le jeu et le dessin peuvent aider les enfants à exprimer leurs sentiments. Certains dessins traduisent des émotions négatives, ce qui n'est pas étonnant.

Pour Nathalie Nyamukeba, « c'est vraiment dur de voir ces enfants privés d'avenir. Ils n'ont que des cailloux pour jouer et ne savent même pas tenir un crayon ; ça fait mal au cœur ».

« Ils n'y sont pour rien, mais ces enfants font partie d'une génération sacrifiée. Ils ne sont pas responsables de ce qui leur arrive. Notre devoir d'êtres humains est d'agir avec humanité et de trouver des moyens d'aider ces enfants à aller de l'avant. »

Des enfants d'Al-Hol ont fait les dessins qui suivent.

 

Azzam, 7 ans

La mère d'Azzam reçoit des soins de physiothérapie à l'hôpital.

Azzam souffre de différents problèmes de santé. Il a un trou dans le cœur, ses reins ne fonctionnent pas bien et ses urines sont teintées de sang. Selon les médecins, certains de ces problèmes ont été provoqués par des traumatismes.

Azzam aime jouer au football et dessiner. Il dit qu'il aimerait offrir la fleur qu'il a dessinée au personnel médical de l'hôpital.


 

 

Nibras, 7 ans

Nibras est venue à l'hôpital parce que sa jambe avait été gravement brûlée. Son état de santé s'est amélioré, mais elle ne pourra pas bien marcher avant d'avoir été opérée.

Le rêve de Nibras est de devenir maîtresse d'école.


 

 

Tha'er, 13 ans

Tha'er reçoit un soutien psychosocial destiné à guérir son énurésie.

Ce garçon de 13 ans a perdu son père, sa sœur et l'un de ses frères pendant des combats. Son autre frère est encore vivant.

La violence à laquelle il a été exposé transparaît dans ses dessins : Tha'er dessine des avions de combat, des armes, des missiles et des personnes en flammes. Tha'er veut devenir médecin.

« Si seulement j'y arrivais ! Peut-être que si j'avais été médecin, j'aurais réussi à soigner mon père, mon frère et ma sœur, et qu'ils seraient encore vivants », s'exclame-t-il.


 

Othman, 11 ans

Le père d'Othman a été tué à Baghouz dans des affrontements.

Othman a trois frères. Pendant près d'un mois, ce garçon de 11 ans a accompagné à l'hôpital d'Al-Hol l'un de ses frères, qui avait été gravement brûlé.

Le rêve d'Othman est de quitter le camp et de devenir ingénieur.


 

Seaf, 7 ans

Seaf souffrait d'incontinence urinaire. Ne trouvant pas de causes médicales aux symptômes présentés par le petit garçon, les médecins de l'hôpital d'Al-Hol ont recommandé de lui fournir un soutien psychosocial.

Les psychologues du CICR ont constaté que l'incontinence de l'enfant était causée par sa terreur des militaires présents dans le camp et de la violence qui y régnait. Après plusieurs séances de soutien psychosocial, ils ont réussi à mettre Seaf sur la voie de la guérison.

Seaf est l'aîné de trois enfants. Il veut retourner dans son pays et aller à l'école. Son rêve est de devenir footballeur.


 

Shahed, 12 ans

Shahed vit avec sa mère dans le camp d'Al-Hol. Son père est décédé.

Shahed aime dessiner et rêve de rentrer chez elle. Elle aimerait devenir maîtresse d'école.


 

Abbas, 13 ans

Abbas vit dans le camp avec sa mère et quatre frères et sœurs.

Il aime dessiner des animaux et les logos du CICR et du Croissant-Rouge arabe syrien. Abbas voudrait devenir footballeur.


 

Jafar, 8 ans

Jafar et sa mère reçoivent tous deux un soutien psychosocial. Depuis que le père de Jafar est mort, ils n'ont plus aucun proche dans le camp.

Ce petit garçon aime dessiner des papillons et des fleurs.


 

Ra'ed, 6 ans

Ra'ed vit avec sa mère dans le camp. Il aime dessiner des voitures, des cœurs, le soleil et des arbres.

Ce garçon de 6 ans rêve de devenir footballeur.


 

Zahraa, 9 ans

Zahraa vit avec ses parents et sa sœur de 5 ans.

Elle aime jouer à la poupée. 


Les familles syriennes ont besoin d'aide.

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Cet article a été publié par l'équipe du CICR au Royaume-Uni et en Irlande. Pour en savoir plus sur notre travail et nous suivre sur Twitter.